20 janvier 2018
Si l'on excepte le Fardier de Cugnot, les premières automobiles utilisaient la propulsion aux roues arrière, tandis que les roues avant servaient à gérer la direction. Il faut dire que transmettre la puissance à des roues qui font un angle avec l'axe propulseur, ce n'est pas simple. Il faut un "cardan" (les techniciens appellent cela plutôt un "joint de transmission").
Pour transmettre la puissance à un axe qui n'est plus dans le prolongement de l'axe de sortie de différentiel, il faut un cardan. Problème, même à vitesse constante, la vitesse de rotation de l'axe de la roue varie alors en fonction de l'angle du braquage de la roue. Ceux qui ont conduit les plus anciennes 2 CV, avec leur capot qui se trémousse dans les manoeuvres savent ce qu'est un cardan qui n'est pas parfaitement homocinétique (même vitesse).
Consultez la fiche complète de la Citroën 2 cv A.
Difficile de retracer parfaitement l'histoire du cardan automobile, un dispositif connu depuis le Moyen Âge, notamment grâce au mathématicien italien Girolamo Cardano.
Mais pour que la vitesse de rotation des deux axes soient identiques de nombreux dispositifs ont été imaginés, notamment pas messieurs Miller, Rzeppa, Grégoire, Fenaille... Quelles que soient les inventions, les constructeurs se sont heurté à des problèmes d'usinage de pièces complexes et de taille réduite sur lesquelles s'exercent des forces importantes.
Ce n'est guère que dans les années 80 que notre bon vieux cardan est vraiment devenu fiable sur le long terme.
Très tôt, Georges Latil dépose des brevets de cardan pour des roues motrices et directrices, dont l'"avant-train Latil". Et quoi de mieux pour démontrer la solidité du système que son emploi sur ce percheron chargé de tirer les canons sur les terrains déformés du front de la Première Guerre Mondiale.
Consultez la fiche complète de la Latil TAR
Jean-Albert Grégoire et Pierre Fenaille mettent au point leur propre système, le "Joint Homocinétique Tracta" qui va se révéler à la fois résistant et... parfaitement homocinétique.
Dans un premier temps, pas question de production en grande quantité. Il s'agit de construire des automobiles de compétition, comme ce type A, pour prouver la validité du système qui sera cédé sous licence.
Malgré des motorisations de circonstance, la voiture très basse, se révèle très efficace. Sur les circuits, les Tracta pourront se confronter aux américaines de Harry Miller qui a suivi une démarche parallèle.
Consultez la fiche complète de la Tracta type A.
En 1929, le tout nouveau groupe automobile américain Cord surprend le marché avec pour son premier modèle, une traction avant utilisant le système Miller. Avec 5000 exemplaires produits, on peut alors parler du premier modèle de série. Il sera suivi en 1936 par la Cord 810/812, modèle devenu mythique a défaut d'être vraiment une réussite commerciale.
Consultez la fiche complète de la Cord L-29 Cabriolet
En 1931, DKW achète la licence de joint homocinétique Tracta et construit en (petite) série les premières traction avant en Europe.
En 1932, c'est le grand constructeur allemand Adler qui lui emboîte le pas avec la très innovante Trumpf.
Consultez la fiche complète de la Adler Trumpf Junior Limousine 2 portes
En 1933, Lucien Rosengart qui a bâtit le succès de sa marque populaire sur la construction sous licence de la modeste Austin Seven, s'adresse à Adler pour copier sa Trumpf. Il se tournera ensuite vers son ancien ami André Citroën quand les rapports commerciaux deviendront difficiles avec l'Allemagne.
Consultez la fiche complète de la Rosengart Supertraction LR500
Bon c'est parfaitement clair, même si dans certains esprits Citroën est l'inventeur de la "traction avant", ce n'est pas exact. Toutefois, Citroën a vu grand, avec cette automobile révolutionnaire, qui est née dans une immense usine, ultra-moderne et équipée des dernières presses américaines. La Traction, et ses joints Spicer, est produite dans des quantités encore inconnues pour une traction avant. Et après des débuts assez calamiteux, ses qualités de confort et de performance largement supérieures à la concurrence resteront dans les mémoires comme "La Traction".
Consultez la fiche complète de la Citroën 7A "traction avant"
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