10 juillet 2020
Combien de marques automobiles américaines sommes-nous capables de citer ? 10, 20 : dans les années 50, elles sont encore presque toutes là. L'acier, le pétrole et les dollars coulent à flot dans d'immenses installations industrielles. Et les modèles bardés de chrome se déversent dans les rues de la plus grande économie mondiale. Pourtant, chez l'Oncle Sam, tout va très vite, le succès comme la faillite.
Le marché est bien sûr dominé par les Big Three (les 3 grands : Chrysler, Ford et General Motors), mais plusieurs constructeurs indépendants survivent encore et proposent des modèles différents.
À cette époque, s'il y a pléthore de marques, chacune ne propose que quelques modèles, bien entendu dans une grande variété de finitions et de motorisations. Ce n'est que plus tard, à mesure que les marques vont disparaître, que les catalogues des survivants vont s'étoffer à l'envie.
Panorama.
Au début était Ford (ou presque). Créé au début des années 1900, donc bien après les constructeurs européens et même après Oldsmobile, par exemple, Ford va inonder le monde de sa Ford T et imposer son mode de production à la chaîne révolutionnaire. La Ford T est fiable et surtout presque abordable par tout le monde.
Dans les années 50 qui nous intéressent, Ford propose tout un catalogue. C'est déjà un généraliste, offrant des véhicules classiques aux prix tirés, jusqu'à des modèles plus haut de gamme (mais juste ce qu'il faut) comme la Ford Fairlane, qui a belle allure
Consultez la fiche complète de la Ford Fairlane Club Sedan
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Alors que les Cadillac caracolent en tête des ventes chez les millionnaires, Ford décide de frapper fort et Lincoln, qui est déjà la marque de luxe du groupe, va proposer la Continental. Elle est hors de prix, pour son acheteur, mais aussi pour son constructeur qui perd sur chaque exemplaire. Qu'importe, c'est une question d'image. La Continental sera parmi ce qui se fait de mieux en matière d'automobile.
Consultez la fiche complète de la Lincoln Continental Mark II
Face au peloton de marques qu'aligne General Motors, Ford n'a que Ford et Lincoln à opposer. Aussi en 1939, Edsel Ford lance Mercury, marque haut de gamme qui viendra s'intercaler entre les deux autres. C'est immédiatement un succès au sein de la classe aisée. Pour les inconditionnels de la marque de Dearborn, voici enfin des automobiles plus distinctives et mieux équipées.
Consultez la fiche complète de la Mercury Montclair 1955 Hardtop coupé
On bouclera le dossier Ford avec l'éphémère marque Edsel, créée en 1958. Elle est chargée de s'intercaler entre Mercury, la marque des classes moyennes, et Lincoln, la marque de luxe du groupe. Il s'agit ainsi de s'opposer à GM qui ne dispose pas moins de 5 marques très bien étagées.
Les Edsel, bourrées de technologie d'avant-garde se révèlent peu fiables. Chères, elles disparaissent en 3 ans.
Consultez la fiche complète de la Edsel Pacer convertible
Chevrolet est la marque la plus populaire du groupe General Motors (qui ne produit rien sous ce nom de groupe).
En 1955, le constructeur frappe fort, avec un grand modèle, très valorisant, diffusé à plusieurs niveaux de prix et de finition. On ne retient que son modèle emblématique, la fameuse Bel Air, mais des versions moins ambitieuses et moins coûteuses sont diffusées à tour de bras. Ainsi, les rues de New York se remplissent des taxis jaunes Chevrolet.
Consultez la fiche complète de la Chevrolet 1955 Bel Air, 150, 210
Buick est une des plus anciennes marques américaines. Dirigée dès 1904 par le très entreprenant William Crapo Durant, Buick devient rapidement le plus grand constructeur automobile américain. Elle est à la base du groupe General Motors et se positionne juste en dessous de Cadillac dans l'échelle de valeur de GM.
Jusque dans les années 80, rouler en Buick, même en Europe, signifiait rouler en berline haut de gamme.
Buick a failli disparaître dans la tourmente des années 2010. Elle ne doit son salut qu'à son image en Chine. Cependant, elle ne produit plus que des SUV très classiques et même des modèles d'entrée de gamme construits en Allemagne chez Opel, une vraie décadence.
Consultez la fiche complète de la Buick Special (1954)
A l'origine du groupe GM, Oldsmobile est l'un des plus anciens constructeurs américains ; bien avant Ford. Bien que possédant de nombreuses similitudes avec les autres modèles du groupe, les Oldsmobile sont toujours à la pointe d' innovations technologiques.
Consultez la fiche complète de la Oldsmobile Rocket 88, 98 (1954)
Pontiac partage ses plates-formes avec les Chevrolet. Mais la marque s'en distingue principalement par une décoration plus aguicheuse. L'indien sur le capot et les silver streaks (les 5 bandes chromées) font toujours leur effet.
Consultez la fiche complète de la Pontiac Star Chief
Cadillac est avec Rolls, le symbole absolu du luxe automobile. Dans les années 50, c'est une réputation méritée, avec des motorisations particulièrement puissantes (et performantes, quoi qu'on dise).
Elles sont déjà disponibles en de nombreuses longueurs de châssis, jusqu'à l'extravagance (voir notre dossier - Limousines : toujours plus grandes).
Les millionnaires s'habilleront chez Fischer, les miliiardaires chez Fleetwood.
Nous ne pouvons pas résister à présenter ici le must du must, le sommet automobile mondial de l'époque, l'Eldorado Brougham.
Consultez la fiche complète de la Cadillac 1958 série 70 Eldorado Brougham
Drôle de trajectoire que celle de Chrysler, fondée en 1924 (donc, bien après les autres) par Walter Percy Chrysler qui vient notamment de chez Buick. Concepteur brillant, mais aussi homme d'affaires avisé, il propose des modèles performants qui remportent immédiatement un gros succès. L'argent rentre à flot et en 1930, on inaugure à Manhattan le Chrysler Building, encore aujourd'hui l'un des plus beaux et des plus célèbres gratte-ciel du monde.
Dans les années 50, Chrysler développe les fameux moteurs V8 Hemi à chambres hémisphériques. Ceux qui prétendent que les V8 américains sont peu performants pour leur cylindrée n'ont pas bien regardé les chiffres d'un Hemi.
Dans le même temps, Virgil Exner prend les commandes du style maison et lance les styles 100 Million Dollar Look, très réussi, puis le Forward Look.
Consultez la fiche complète de la Chrysler New Yorker, Chrysler Windsor 55
Dodge est un constructeur d'automobiles et de poids-lourds fondé en 1914 et à l'excellente réputation. Il est racheté en 1928 par Chrysler.
Dans les années 50, Dodge est un constructeur généraliste à succès. Il se place en parallèle de Chrysler qui produit plutôt des modèles haut de gamme.
Consultez la fiche complète de la Dodge Sierra
En Amérique, les constructeurs ne lésinent pas quand il s'agit de créer des marques distinctes au sein du même groupe.
Chaque marque propose une pléthore de modèles aux puissances et aux finitions différentes, mais au final assez proches. Plus étrange, d'une marque à l'autre, les modèles utilisent les mêmes plates-formes et les mêmes mécaniques au point de devenir difficiles à distinguer.
Mais s'il y a une marque qui se distingue par son absence de distinction, c'est bien DeSoto, coincée entre Plymouth et Dodge au point qu'elle finira par disparaître au début des années 60 sans que personne ne s'en aperçoive vraiment.
Consultez la fiche complète de la DeSoto Diplomat
Plymouth est la marque populaire du groupe. Elle se place clairement en concurrence des Chevrolet. Si les silhouettes sont semblables aux DeSoto, les motorisations sont plus modestes, notamment grâce à la présence d'un moteur 6 cylindres en ligne.
Sinon, en comparant avec la photo du dessus, c'est un peu le jeu des 7 erreurs, seule la calandre, bien plus simple diffère vraiment.
Consultez la fiche complète de la Plymouth Belevedere 58 Coupé Sport
Chrysler veut sa marque de luxe pour rivaliser avec Cadillac et Lincoln. Ce qui était une série haut de gamme chez Chrysler, les modèles Imperial, devient une marque à part entière en 1955. C'est Virgil Exner qui imposera un style baroque qui ne séduit pas forcément les amateurs de modèles distinctifs.
20 ans plus tard, Imperial disparaît sans avoir vraiment réussi à s'imposer.
Consultez la fiche complète de la Imperial Hardtop Coupé Newport C69
- L'Amérique des années 50 - les Big Three
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