18 novembre 2022
En 1950, la France est en partie ruinée par la Seconde Guerre Mondiale. On reconstruit les villes et les routes. Les usines automobiles redémarrent comme elles peuvent, certaines sont intactes, d'autres ont été sévèrement touchées par les bombardements.
En 1946, le Plan Pons (qui puise ses racines avant-guerre) rationalise de manière autoritaire l'industrie automobile en organisant 3 marchés : Simca et Panhard pour la voiture populaire, Renault et Peugeot pour la voiture moyenne et Citroën dans le haut de gamme avec sa Traction. Georges Irat, La Licorne et Rosengart n'ont pas survécu au conflit et Delahaye-Delage, Hotchkiss, Salmson et Talbot, privées d'oxygène ne survivront pas longtemps.
Les rues de 1950 sont moins encombrées qu'aujourd'hui. Seules, 2 millions d'automobiles sont en circulation, contre 20 fois plus aujourd'hui. Comme beaucoup d'autres, dans les villes, le marchand de pains de glace pour les glacières des habitants circule avec une carriole tirée par un cheval (ce n'est qu'un exemple). Inutile de préciser que peu de gens peuvent alors envisager l'achat d'une automobile.
À cette époque bénie pour nos industriels, plus de 98% des automobiles produites sont françaises. La plupart des automobiles ayant été détruites, la répartition par marque de celles qui circulent est alors assez voisine de la répartition de celles produites.
Voici les 15 modèles les plus fabriqués en 1950.
La Renault 4 CV signe le plus gros succès de l'année (et des années suivantes). Elle envahit bientôt les rues des villes et des routes : c'est "la Reine de la route". Elle est assez exiguë. Elle emporte en vacances une famille de 4 personnes, mais il faudra mettre les bagages sur le toit. Mais moderne, avec ses 4 roues indépendantes et son petit moteur volontaire, c'est une vraie voiture pour un prix relativement raisonnable.
Consultez la fiche complète de la Renault 4 CV
Peugeot a bien étudié son projet pendant le conflit. La 203 est furieusement tendance, avec sa silhouette dynamique (pour l'époque), sa grande calandre et son intérieur soigné. Plus d'une dizaine de versions sont proposées, ce qui ajoute aux ventes celles d'une clientèle professionnelle plus aisée.
La fidèle 202 a tiré sa révérence l'année précédente et grâce à la 203, Peugeot s'installe confortablement sur le marché rémunérateur des berlines moyennes.
Consultez la fiche complète de la Peugeot 203 berline
Modèle d'avant-guerre, la Citroën Traction est alors tellement en avance technologique qu'elle reste une excellente automobile en 1950; rapide, confortable et sûre. Bien entendu, ses grandes ailes avant sont un peu datées, mais sa silhouette familière est rassurante pour l'acheteur.
Le chiffre de production doit toutefois être relativisé, car la Traction est proposée en 3 grandes séries qui se cumulent : 11 Légère, 11 Normale et 15-6.
Consultez la fiche complète de la Citroën Traction 11BL après-guerre
Aujourd'hui son physique d'avant-guerre paraît désuet, mais un peu comme pour la Traction, l'essentiel est à l'intérieur.
Les 4 portes antagonistes ouvrent en grand sur un espace facile d'accès. Le moteur d'origine Fiat est comme toujours fiable et performant. Les suspensions sont plutôt confortables et les freins sont à commande hydraulique. Enfin, l'ajout d'une malle bombée extérieure à réglé le problème des bagages.
Consultez la fiche complète de la Simca 8 1200
On a un peu trop vite raconté que la Ford Vedette était un échec commercial. C'est un peu exagéré. C'est seulement une grosse désillusion pour les dirigeants américains qui étaient persuadés du succès en apportant au Vieux monde une automobile digne de ce nom animée par un bon gros V8.
Les sommes importantes investies dans la construction de la grande usine de Poissy, bientôt Simca et aujourd'hui PSA, ne seront jamais rentabilisées.
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Panhard qui produisait des automobiles de luxe très innovantes avant la guerre est pratiquement ruiné. Aucun modèle ne pouvant être reconduit et il faut donc en concevoir un nouveau plus modeste. Faute de moyens financiers, il faut de l'intelligence et de la créativité et la Dyna X va rassembler tout cela dans cette étrange silhouette légère et aérodynamique.
L'essentiel du génie réside dans son petit moteur bicylindre refroidi par air. Il développe la puissance étonnante de 28 chevaux, puis bientôt 42, plus que beaucoup de gros moteurs de l'époque.
Consultez la fiche complète de la Panhard Dyna X
Si la 2 CV s'est finalement vendue à 5 millions d'exemplaires, le démarrage est plutôt moyen. En effet, même si elle est peu coûteuse à l'achat comme à l'usage, la Citroën est presque une caricature d'automobile. La carrosserie est réduite au minimum, l'aménagement pratiquement inexistant et le moteur de 9 chevaux (réels !) aux abonnés absents.
Consultez la fiche complète de la Citroën 2 cv A
Par un tour de passe-passe, la petite Simca 5 (clone de la Fiat Topolino) récupère un grand nez qui lui donne de faux airs de Peugeot 203. Mais l'intérieur reste minuscule, la Simca 6 disparaît en 1950.
En 1951, la très réussie Simca Aronde fera un succès et remplacera la 6 et la 8. Simca devient un grand constructeur.
Consultez la fiche complète de la Simca 6
La production de l'antique berline Juvaquatre s'est arrêtée en 1948. Pourtant, sa carrière se prolonge jusque dans les années 60 sous forme de break. En effet, Renault ne produit plus que des modèles à moteur à l'arrière (4 CV, Dauphine, R8) dont l'architecture ne se prête pas pour une version utilitaire.
Consultez la fiche complète de la Renault Juvaquatre
Coloniale et rurale, voila la vocation de la Colorale. Elle a une bonne bouille, mais son moteur est totalement anémique, insuffisant pour cette grosse masse et que dire de la version 4x4 qui ne risque pas de grimper aux arbres. Décidément, jusqu'à l'arrivée du turbo, Renault aura beaucoup de mal à motoriser ses modèles.
Consultez la fiche complète de la Colorale Prairie
Hotchkiss, c'est la marque du "juste milieu", un modèle pour des bourgeois qui apprécient la réputation de fiabilité de la marque et ces berlines spacieuses et confortables. La mécanique brillante a autrefois remporté de nombreuses épreuves sur route. Reste que la construction sur structure en bois de hêtre est d'une autre époque et que les finances ne permettent pas trop de fantaisies.
Consultez la fiche complète de la Hotchkiss Anjou 1350 berline
Pour les bourgeois qui rêvent d'une automobile à l'allure respectable, mais pas trop chère, la très fiable firme de Boulogne-Billancourt propose encore ce type de modèle.
Mais le plan Pons n'a rien prévu pour la marque qui va disparaître rapidement.
Consultez la fiche complète de la Salmson S4-61 berline
Talbot Lago produit encore quelques modèles sublimes habillés par les meilleurs maîtres carrossiers indépendants.
Mais tout ce petit monde va disparaître avec son savoir-faire exceptionnel.
Consultez la fiche complète de la Talbot Lago T26 Grand Sport cabriolet Graber
Comme Talbot, Delahaye et Delage, désormais réunis, produisent ce qui se fait de mieux en matière d'automobile de luxe, carrossée à l'unité. Mais qui peut encore se payer de telles oeuvres d'art ?
Consultez la fiche complète de la Delahaye 135 M Guilloré Coupé
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