24 septembre 2023
Continuons notre regard sur le Débarquement de juin 1944 avec son véhicule le plus emblématique, la Jeep. À cette époque on roule en Peugeot 201 ou en Renault Juvaquatre. La révolutionnaire Citroën Traction vient d'apparaître.
Quant à la Jeep,elle est tellement pratique qu'une fois le conflit achevé, elle va s'installer durablement dans le paysage, en France, bien sûr, mais aussi dans tous les pays de la planète.
Elle connaîtra une importante descendance. Ce qui justifie ce dossier, c'est la recherche des gènes familiaux qui ont produit tant d'enfants naturels et bâtards.
La Jeep répond à la nécessité de transporter rapidement sur tous les terrains de petites équipes et leur armement : commandement, avant-garde, commandos...
En France, le modèle le plus connu est probablement produit chez Laffly. Si l'on oublie son long nez étrange, le reste semble déjà près d'une Jeep
Consultez la fiche complète de la Laffly V10M tracteur de montagne
Inutile de dire que les Laffly, très appréciés des militaires, sont coûteux à construire et pas simples à maintenir.
En Allemagne nazie, si fière de sa puissance mécanique (un peu surestimée aujourd'hui, car au début de la guerre on se déplace encore majoritairement à cheval), le véhicule léger officiel c'est la Stoewer LEPKW.
Consultez la fiche complète de la Stoewer LEPKW (Leichter Einheits-Pkw) R180S Kfz typ 2
Là aussi, le véhicule est lourd et cher à construire.
Les militaires de la Wehrmacht vont vite lui préférer la Volkswagen Kübelwagen, plus légère, plus fiable, plus agile, bien que ne disposant que de deux roues motrices. Moins chère à produire, elle est construite à 55 000 exemplaires.
Consultez la fiche complète de la Volkswagen Kübelwagen (VW 82)
Rien de génial dans la Jeep qui est juste la réponse la plus adaptée au problème. Petite et légère, elle peut être facilement transportée, voire aéroportée. Disposant d'une transmission intégrale permanente et de porte-à-faux inexistants, elle passe partout. Animée par un moteur classique, puissant et robuste, elle est increvable.
Consultez la fiche complète de la Jeep Willys MB
Pas trop chère à construire, la puissante industrie américaine va en produire plus de 600 000.
Bien avant la guerre, Henry Ford avait installé des usines en Union Soviétique. La production est bientôt rejointe par des quantités massives de matériel militaire vendu aux Soviétiques par l'Amérique pour répondre à l'agression nazie.
Ainsi, si la GAZ est inspirée de la Jeep américaine qui se trouve très présente sur place, son moteur est issu de la GAZ-A (clone de la vieille Ford A). S'il fait preuve de robustesse, il manque un peu de nerf.
Consultez la fiche complète de la GAZ 67
Dès la fin de la guerre, une version civile, à peine modifiée de la Jeep est produite pour répondre à la demande. Ce n'est que le début.
Consultez la fiche complète de la Jeep Willys CJ-2A
Prenez une Jeep, ajoutez une carrosserie tôlée et vous avez un des premiers SUV. Un véhicule qui est à la fois une vraie automobile et un modèle de loisirs passe-partout.
De Station Wagon en Wagonner, puis en Cherokee, la descendance va s'étoffer, grandir, gagner en confort et en raffinement jusqu'à inventer le 4x4 de luxe, avant le Range Rover.
Consultez la fiche complète de la Jeep Willys Station Wagon
Dès la fin de la guerre, les ingénieurs britanniques imaginent ce véhicule pour répondre aux besoins de propriétaires terriens de l'empire de sa Majesté. Si la base est semblable à celle de la Jeep, la carrosserie est tout en aluminium. C'est autant pour contourner la pénurie d'acier que pour concevoir un véhicule qui ne craint pas de rouler dans la boue.
Cette première mouture va générer une descendance que ses concepteurs étaient loin d'imaginer.
Consultez la fiche complète de la Land Rover Series I 80 Soft Top
Alfa Romeo tente sa chance pour répondre à la demande de l'armée italienne qui voudrait une Jeep à la sauce bolognaise.
Ce sera un échec.
Consultez la fiche complète de la Alfa Romeo AR51 Matta
Au tour du français Delahaye de tenter de produire une Jeep moderne pour son armée nationale. Le constructeur croit trouver dans la future commande publique son salut alors que les ventes de berlines s'effondrent. Raté.
Consultez la fiche complète de la Delahaye VLR
Toutes les armées veulent leur clone de Jeep à la sortie du second conflit mondial. Pour l'armée italienne, ce sera la Fiat Campagnola, préférée à la version d'Alfa Romeo, jugée trop chère et trop sophistiquée.
En reprenant les caractéristiques principales de l'américaine, Fiat ne pouvait pas se tromper.
Consultez la fiche complète de la Fiat Campagnola AR 59 C (1102C)
Hotchkiss fabrique sous licence de 1952 à 1966, 28 000 Jeep, totalement identiques à leur ancêtre. Seul un oeil d'expert peut discerner les quelques détails qui diffèrent, comme la double antenne radio.
Consultez la fiche complète de la Hotchkiss M201
Pour l'armée belge, ce clone de Jeep destiné à équiper les armées est produit par la constructeur national Minerva. Celui-ci se trouvant en difficulté financière, cette commande d'état est vue comme une bouée de sauvetage.
Consultez la fiche complète de la Minerva Land Rover série I 86
Au lendemain de la guerre, l'industrie automobile nippone naissante démarre en copiant les modèles occidentaux. C'est notamment le cas de la Jeep, qui borde alors les rues de l'archipel. Le Land Cruiser est donc une copie de la Jeep équipée d'une carrosserie. Les copies japonaises sont moins chères et d'excellente qualité, elles vont s'imposer d'abord en Asie, puis dans le monde entier.
Consultez la fiche complète de la Toyota Land Cruiser Série 2 - FJ25
La Kaiser Jeep M151 est un MUTT (Military Utility Tactical Truck), une évolution de l'emblématique Jeep Willys. Elle est conçue par Ford à la demande de l'armée américaine pour remplacer les Jeep M38 and M38A1.
Entre Kaiser-Willys et Ford, c'est un combat acharné pour savoir qui remportera le contrat juteux du modèle qui succèdera à la Jeep. En 1970, l'apparition du Humvee les mettra d'accord.
Consultez la fiche complète de la Kaiser Jeep M151A1
La Land Rover Lightweight est une version suffisamment allégée de la série IIA, puis de la série III pour pouvoir être aéroportée lors des opérations de l'armée britannique.
Consultez la fiche complète de la Land Rover Lightweight
L'UAZ 469 succède aux GAZ de l'autre côté du rideau de fer. Au départ, il ne s'agit que de simples copies de Jeep. Pour fournir l'Armée Rouge, comme pour circuler sur les immenses territoires russes, les besoins sont immenses. Ces véhicules sont produits en quantités énormes.
Consultez la fiche complète de la UAZ 469
Après la Campagnola, Fiat fournit à l'armée italienne cette Nuova Campagnola suffisemment réussie pour convaincre les militaires. Elle est produite à 45 000 exemplaires, ce qui est tout juste correct.
Consultez la fiche complète de la Fiat Nuova Campagnola châssis long
Cette fois, on est bien loin de la Jeep des origines. Il s'agit encore une fois de répondre au cahier des charges exigeant de l'US Army. Le mastodonte doit être assez large pour passer dans les traces des chars dans l'espoir d"échapper aux mines. Il est rapide et bien sûr, il passe partout.
Consultez la fiche complète de la AM General Humvee
100 000 Humvee sont produits. Trois générations civiles vont suivre pour ceux qui ne veulent pas rouler en Fiat 500.
Lointain descendant de la Land et donc indirectement de la Jeep, le Range des beaux quartiers est avec le Cherokee, le premier 4x4 de luxe. Sièges moelleux, moteur puissant, suspensions pneumatiques, climatisation, on est désormais loin de l'utilitaire tout-terrain spartiate.
Consultez la fiche complète de la Range Rover V8
Le plan Europa-Jeep est lancé en 1966. Il faut remplacer le DKW Munga de l'armée allemande, l'Hotchkiss M210 de l'armée française et la Fiat Campagnola de l'armée italienne par un modèle commun.
Comme souvent en Europe, le projet échoue après 13 ans de discussion. L'armée allemande commande donc au groupe VAG l'Iltis, conçue et construite chez Audi en Autriche. Le Canadien Bombardier en construira également pour l'armée canadienne et l'armée belge.
Consultez la fiche complète de la Volkswagen Iltis
À l'origine d'Auverland, il y a Sovam, devenu Sovamag. La firme se spécialise dans la construction en petite série de véhicules spéciaux à usage militaire. Le TC10 sera adopté par l'Armée de l'Air.
Consultez la fiche complète de la Sovamag TC10 D et TC10 TD
Pour remplacer la Jeep Hotchkiss, Peugeot fournit à l'armée française la P4, construite en collaboration avec Mercedes.
Consultez la fiche complète de la Peugeot P4
Au rang des mastodontes un peu délirants, Lamborghini, que l'on connaissait pour des usages autrement plus raffinés, développe ce 4x4 de luxe depuis un prototype imaginé pour répondre au cahier des charges de l'armée US.
Tant pis si les boys ne roulent pas dans le luxe, les millionnaires de la Croisette s'en satisferont.
Consultez la fiche complète de la Lamborghini LM002
Il ne faut pas oublier la marque Auverland (ne pas confondre avec l'américain Overland). Auverland est un constructeur français de véhicules tout terrain et militaires fondé en 1980. Elle reprend alors la fabrication sous licence du 4x4 Cournil et va entrer dans le registre des fournisseurs de l'armée française via Panhard Défense.
Consultez la fiche complète de la Auverland A3 châssis court, caisse longue
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